Un constat :
Ce matin mon cœur est lourd, lourd parce que parfois je ne vois qu’une impasse dans cette société qui évolue ! Ce n’est pas souvent que je vois les choses sous cet angle ! Mais je suis épuisée de voir que dans nos milieux dits “alternatifs”, ces milieux dits “ouverts” qui essayent de recréer une société plus juste, plus humaine, ce n’est pas toujours le cas ! Quelle dichotomie !! Et plus les années passent, plus j’en suis effarée !!
Ces personnes qui souhaitent, avec beaucoup de bienveillance, revoir notre société, en fuyant parfois ce modèle existant, et le dénigrant souvent avec violence, reproduisent des schémas identiques.
Issus le plus régulièrement des classes sociales supérieures, surtout depuis quelques années, ils ne sortent pas de manière majoritaire de leur groupe social. Ces personnes fuient un système et recréent un monde avec le même mode d’emploi. Ils recréent un entre soi. Je fais ici des généralités car certains en sortent, merci d’en prendre compte lors de votre lecture !
Je lis Boris Cyrulnik, entre autres (les laboureurs et les mangeurs de vents), et j’essaie de me rassurer en me disant que ce sont des phénomènes psychosociaux normaux ! Comme Boris Cyrulnik l’explique, c’est rassurant, sécurisant de se sentir appartenir à un groupe social, à un clan ! Mais cela me met malgré tout dans un sentiment d’injustice régulièrement, et aujourd’hui j’en ai un !!
Pourquoi cette réflexion chez moi?
Je vois cela de cette manière car je suis issue d’un entre deux, fille d’un père ouvrier et d’une mère cadre, d’un père adopté et d’une famille maternelle majoritairement de notable. Je suis allée à l’école de la maison d’éducation de la légion d’honneur. J’ai donc été scolarisée aussi bien avec des jeunes filles pupilles de la nation que filles de diplomate, de la noblesse française ou de la haute bourgeoisie.
J’ai toujours eu, pardonnez moi l’expression, le cul entre 2 chaises ! C’est sûrement pour cela que je suis attentive à ce point là, à la mixité de classe ! De plus j’ai beaucoup voyagé, papillonné, je ne suis pas exclusive dans mes choix amicaux, dans mes rencontres. Je me sens vite enfermée avec un fonctionnement clanique.
A quelle vitesse, quel rythme?
Alors parfois je me dis que je veux que ça aille plus vite que la musique. C’est déjà magique de voir le changement de paradigme arriver de manière massive dans les classes sociales supérieures. Ils ont les moyens intellectuels, culturels et financiers pour cette bascule. Je vois des métamorphoses régulièrement autour de moi et c’est merveilleux !
Mais je vois ça aussi quand nous accueillons des jeunes ou des moins jeunes éloignés des “transitions”. Des jeunes des quartiers, des personnes qui essaient avant tout de sur”vivre”. Qui n’ont pas le luxe de pouvoir se pencher sur l’avenir de notre petite planète et donc de l’Humanité. Car leur quotidien c’est déjà d’avoir un toit sur la tête, de manger ! Mais encore faut il aller vers eux, leur montrer que c’est possible !
Nous avons cette chance incroyable au Bois du Barde de toucher une importante mixité de classes sociales, des plus populaires au plus aisées. Nous avons une mixité d’accueil qui fait que ces personnes se croisent et s’enrichissent mutuellement.
Alors comment agir ?
Je pense sincèrement que nous ne pouvons pas recréer une société du Vivant. Une société où chacun à sa juste place sans sortir de ces vieux schémas issus à mes yeux du patriarcat et de notre société judéo chrétienne ! Les enjeux de l’évolution de l’Humanité doivent passer par là ! Que des ponts naissent entre les classes sociales, la “transition” ne pourra pas basculer si les classes populaires ne prennent pas conscience des enjeux environnementaux.
Alors est-ce-que toi dans ton quotidien, dans tes actions que tu mènes pour faire évoluer cette société, tu vas vers d’autres personnes. Tu proposes tes ateliers de permaculture dans les quartiers ? tes stages d’agroécologie ou de tri des déchets aux restos du cœur ? de yoga ou qi gong à des réfugiés ?
C’est en changeant nos propres pratiques, en nous observant régulièrement, pour ré-ajuster nos actions que nous pourrons faire avancer les choses. En faisant attention les uns aux autres, en nous soutenant les uns les autres. C’est par la reliance du Cœur que nous ferons pencher la balance du côté de l’Humain.
Février 2024